POURQUOI L’UTILISER EN COMMUNICATION PUBLIQUE?
Pour les entreprises ou organisations, le courrier électronique représente un outil marketing et de propagande qui permet de mobiliser, de collecter et de faire la promotion directe de ses produits, services auprès des destinataires de sa liste de diffusion. L’exemple de l’utilisation magistralement pensée du courrier électronique dans la sphère publique revient au Président américain Barack Obama et à son équipe de campagne lors de la présidentielle américaine 2009. «Mensuellement, [et même périodiquement], il envoyait plusieurs courriels qui avaient pour but de rester en relation avec ses partisans [et de galvaniser ses troupes à l’approche d’un moment historique].» (Demers-Boulet, 2009) Le courriel est devenu pour le futur 44e leader du Free World un vrai trésor de guerre. Le sujet ayant déjà été traité lors d’une session ultérieure, veuillez vous référer à l’adresse suivante pour connaître plus de détails (voir http://www.arobase.org/newsletters/barack-obama-email.htm#exemples).
CRITIQUE : UN SPAM DU PUBLIC
«[…] L’utilisation du courrier électronique demeure la principale utilisation que font les consommateurs d’Internet (Léger Marketing, septembre 2001).» (Fischer, 2003 : 62) Comme le dit si bien Tomlinson : «As email becomes rooted deeper and deeper in modern life, a certain structure – for better or for worse – is an inevitable part of its explosive growth.» (Cavender, 1998) Les publicitaires profitent de cette popularité pour utiliser la technologie comme outil de diffusion. Plusieurs entreprises envoient, sur une base régulière, des publicités relatives à leurs produits. Cependant, cet envoi devient nuisible lorsqu’il envahit massivement les boîtes aux lettres électroniques.
Du point de vue du public, le courrier électronique est enchaîné à un boulet menaçant la sécurité et la fiabilité des communications entre plusieurs abonnés de l’Internet : le pourriel ou «SPAM». Au départ, les messages commerciaux non sollicités représentaient un ennui léger et mineur. Depuis, le nombre a pris du volume et est devenu «un problème social et économique important qui mine la productivité individuelle et commerciale des Canadiens, […]. Le pourriel entrave [par son contenu frauduleux ou offensant] l’utilisation efficace du courriel pour les communications personnelles et commerciales, et menace la croissance et l’acceptation du commerce électronique légitime.»
Tous les usagers du courriel reçoivent de façon ponctuelle des messages commerciaux, comportant un en-tête objet faux ou trompeur destiné à déguiser l’origine, le but ou le contenu du courriel. D’abord moyen utilisé pour attirer l’attention du destinataire sur une gamme de produits ou services, ses créateurs l’ont transformé en un énorme problème saturant les boîtes de réception. «Les rapports sur la circulation du courriel indiquent que le pourriel représentait environ 10 p. 100 du volume total de courriels en 2000. […] au milieu de 2003, le nombre de messages électroniques commerciaux non sollicités avait dépassé celui des communications légitimes; à la fin de 2004, le pourriel représentait 80 p. 100 du courriel global.» (Groupe de travail sur le pourriel, 2005 : 7)
«Cette stratégie [d’utilisation a peut-être] le mérite de pressentir le consommateur comme un être désirant communiquer avec son détaillant, comme et quand il le veut, incluant souvent de façon traditionnelle.» (Fischer, 2003 : 67) Sauf que son contenu et sa fréquence représentent un problème d’ordre éthique et criminel, puisque le particulier ne peut accepter la réception de publicité s’il ne l’a pas initiée par quelques moyens que ce soit. Peu coûteux pour les annonceurs, il crée de l’inefficacité, cause du tort et entrave la confiance. Il en est autrement pour les utilisateurs du Web qui voient une hausse considérable du prix pour le traitement et le filtrage de ces indésirables.
Lorsque les messages non sollicités envahissent nos boîtes aux lettres, ils empêchent la libre circulation de courriels désirés. De plus, les courriels sont des objets de mémoire et de traçabilité dangereuse à la fois pour ceux qui les envoient et ceux qui les reçoivent. Les usagers du pourriel l’ont vite compris et font preuve d’ingéniosité pour l’obtention des adresses électroniques. Le pourriel a fait place à des «logiciels espions et à l’usurpation d’identité découlant du hameçonnage et autres activités illicites en ligne […].» (Groupe de travail sur le pourriel, 2005 : 10) Les liens compris dans les pourriels représentent souvent des pièges qui vous amènent sur de fausses pages pour vérifier vos informations personnelles, ou encore sur des forums. Trop d’utilisateurs se font avoir et laissent leurs informations électroniques sur ces faux endroits prévus. Il faut protéger et réserver l’adresse courriel pour les contacts personnels et professionnels de confiance pour éviter que les programmes frauduleusement créés extraient ces importantes données. Finalement, il faut savoir se méfier des sites de jeux gratuits, de visionnement de films pour 1$ ou des annonces de gros lots. Ne rien essayer, ne rien acheter et ne rien répondre via les pourriels. Les logiciels espions (Spyware) ou les moteurs de balayage (Spambots) sont très astucieux, ils surveillent nos moindres gestes sur le net, recherchent tout ce qui contient une adresse électronique, les enregistrent et les font suivre. La suppression de tout ce qui paraît étrange dans les boîtes de réception est une bonne façon de ne plus en recevoir dans l’avenir.
RÉFLEXION : FOSSÉ LIMITÉ CONFIDENTIEL?
Quelle garantie offre le réseau Internet quand à la qualité de service et la protection des renseignements échangés? Quelle est la confiance accordée à sa sécurité? On ne peut jamais être sûr que le destinataire a bel et bien reçu et consulté ce qu’il lui a été envoyé. Un courriel peut se perdre, disparaître ou être détourné. «[…], le courrier électronique, circule «à ciel ouvert», au vu et au su de quiconque parmi les millions de branchés voudra bien se donner la peine de capter au passage n'importe quel message lancé sur cette autoroute électronique. […] Pour les juristes, avocats ou notaires, ces caractéristiques du courrier électronique sont lourdes de conséquences. Soumis à de strictes et lourdes obligations en matière de protection des confidences données par le client – […] le sacro-saint "secret professionnel" - le professionnel du droit peut-il se permettre l'utilisation d'un outil de communication qui, en apparence, offre aussi peu de garanties de confidentialité?» (Cassius de Linval, 1996)
Le fait d’ouvrir, de supprimer ou de détourner des correspondances adressées à des tiers est criminel. La réalité des nouvelles technologies est que le juriste doit jongler avec ces possibilités. Comment fait-on pour veiller à ce que le courrier électronique reste un outil valable pour les communications professionnelles, d’affaires et personnelles légitimes? Il va de soi qu’une fois que le document désiré confidentiel est rendu public, il perd son statut et sa protection au secret professionnel. Certains diront d’utiliser un en-tête d’avertissement, comme les pages de garde lors de la transmission par fax. Cependant, la confidentialité annoncée attire la curiosité humaine. Le juriste devra faire jouer son talent d’orateur pour justifier, par «le jeu combiné des articles 36(2) et 2858 C.c.Q.» (Cassius de Linval, 1996), que la page de garde suffit à indiquer l’intention des parties de garder leur communication confidentielle. L’avocat, pour l’instant, devra toujours se garder d’aviser son client qui opte de son propre gré pour la communication par courriel, qu’il se rend vulnérable aux risques inhérents, réels et appréhendés de cette utilisation. À suivre…
…
Les réseaux d’Internet, donnant un accès immédiat aux informatives et diversifiées qui circulent, entraînent la modernisation de notre société. Les nouvelles technologies font appel à de nouvelles pratiques de communication et à des modèles culturels hétérogènes, de façon à ce que chaque individu se définit facilement par ses multiples cultures. Le processus de diffusion planétaire, par le courrier électronique, «provoque une explosion de la problématique identitaire à l’échelle des individus comme à celle des collectifs (Castells, 1999).» De plus, il creuse un fossé entre le Nord et le Sud, entre les pays industrialisés et ceux qui sont en développement, entre les riches éduqués et les pauvres illettrés.
Si des millions d’individus vivant principalement dans les pays industrialisés ont accès à l’information et à la connaissance grâce aux réseaux électroniques, des centaines de millions d’autres, dans les pays en développement, en sont privés et sont aujourd’hui cantonnés dans une sorte de «ghetto cybérien» qui les tient à l’écart de la société de l’information en devenir. Réduire cette criante inégalité est devenue aujourd’hui une préoccupation prioritaire pour l’ensemble de la communauté internationale, organisations intergouvernementales, gouvernements, secteur privé, société civile réunis. (Fischer, 2003 : 200) L’universalité de l’accès, voilà la fracture qui s’identifie à l’horizon. Où sont l’équité et l’égalité sociales?
Quelles sont les chances pour les communautés moins fortunées (chanceuses) de recevoir et d’envoyer des centaines de courriels, consulter ou créer des milliers de sites Web, d’avoir accès à la richesse que comporte Internet, à une éducation contemporaine ou à la recherche d’emploi? Les chances sont effectivement minces puisque la mondialisation et l’apparition de nouvelles technologies et de la communication délaisse des milliards de personnes. «Seulement 2,4% de la population mondiale, soit une personne sur 40, sont branchés sur Internet, dont l’UNESCO dit pourtant qu’il sera probablement, à l’échelle mondiale, l’outil le plus important de ce siècle pour l’enseignement et le développement culturel. […] ne rien faire, laisser l’explosion des connaissances s’amplifier dans les sociétés technologiquement riches tandis que les pays pauvres resteraient de plus en plus loin en arrière, conduirait à des mécontentements généralisés et menacerait toute chance de tendre vers une harmonie mondiale et une compréhension internationale.» (Paul Kennedy, 2000) Voilà un défi de taille qui ne nous permet pas de perdre du temps pour le relever.
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