Blogue créé dans le cadre du cours Communication et changements technologiques (COM-6032) de l'Université Laval.

dimanche 14 février 2010

Les abonnés en otage

La téléphonie mobile a été créée pour satisfaire un besoin de liberté, vite transformée en une dépendance au «contact permanent». (Katz, 2002) Ce contact n’est certes pas un besoin naturel ou inné chez l’individu. Tout comme les nouvelles technologies, il a été planifié. Il « n’est pas la conséquence mécanique [supplémentaire] du progrès technique, mais plutôt le produit des rapports de forces qui façonnent la société.» (Williams, 1974 : 26) Ayant peur de l’abandon, esclaves avoués du contact permanent que le cellulaire procure, il est difficile de se libérer des nouvelles technologies comme il est inenvisageable de survivre sans le téléphone.

Petit miracle, cette invention avait d’abord comme but de relier les millions de foyers à travers le monde. Puis, vint la nécessité de relier chaque individu isolé et retranché, peu importe où il se trouve, à un autre individu. Les publicités laissaient croire à un dépassement et une élévation de l’individu laissant sa vie ordinaire pour prendre une place de choix dans la société. Ce nouveau médium, comme tout autre technologie nouvelle, engendra de profonds changements sociaux. Ceux qui connaissent ou ont connu le téléphone mobile ne peuvent plus s’en passer. À titre d’exemple, «95,8% des Français ont un cellulaire.» (2010) Nous sommes esclaves des instants éphémères de liberté que nous offre la communication mobile.

Ce «contact permanent» ne devient-il pas un outil de surveillance qui permet de localiser l’individu? Le portable est une entité négative qui sert d’outil de transgression des normes et des pratiques.



Le concert de fin d’année de mon jeune cousin, quel beau moment… gâché par la sonnerie d’au moins cinq téléphones mobiles. Pourtant, on avait insisté sur le fait d’éteindre tous les téléphones mobiles par respect pour les enfants et les spectateurs. Après beaucoup d’heures de répétition, de temps consacré et de patience, le résultat était enfin là. Il fallut cependant que le père d’une des jeunes doive sortir de la salle du concert pour prendre un appel «important» au moment même où son petit trésor s’exécutait. Ce petit moment de joie pour la petite fille se transforma en un moment de tristesse parce qu’encore une fois on lui avait enlevé son père, ramené au travail par son cellulaire.

Comme plusieurs, je possède un cellulaire. Je ne possède que lui, me servant à la fois de téléphone résidentiel, professionnel et de cellulaire. Il est toujours sur le mode éteint, et sur la fonction «urgence» pour les numéros entrants importants. Dès que je suis hors de chez moi, dans un lieu public, au restaurant, à un spectacle, chez des amis, je suis plutôt du style : ne me déranger pas. Reste à me guérir de cette manie de vérifier ma lumière rouge clignotante qui indique la réception d’un courriel ou d’un SMS… Je suis moi-même esclave de cette technologie.




Agence France-Presse (Paris), 7 février 2010, «95,8% des Français ont un cellulaire.» in Site Cyberpresse.ca [En ligne] URL : http://technaute.cyberpresse.ca/nouvelles/telecoms-et-mobilite/201002/05/01-946635-958-des-francais-ont-un-cellulaire.php. Consulté le 12 février 2010.

Cf. James Katz et Mark Aakhus, Perpetual Contact, Cambridge University Press, 2002.

Raymond Williams, Television : Technology and Cultural Form, Fontana, Londres, 1974, p. 26.

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    J'aurais voulu vous poser une question mais je ne trouve pas votre contact. Comment faire pour vous envoyer un courriel?

    Vous pouvez me contacter sur alexis.roullier@gmail.com, je me tiens à votre disposition.

    Bien cordialement,

    Alexis

    RépondreSupprimer