Blogue créé dans le cadre du cours Communication et changements technologiques (COM-6032) de l'Université Laval.

mercredi 27 janvier 2010

Quand le déterminisme s'associe avec la technologie

Le concept du déterminisme technologique inclut deux notions distinctes : le déterminisme et la technologie. Notion philosophique qui relie l’avènement d’actions, de phénomènes et de circonstances à un lien de causalité, le déterminisme est un élément exigeant la prédiction des évènements. Cette idée relève principalement de la science expliquant son association avec la technologie. Cette dernière idée qui se veut plus technique supporte les notions d’invention et d’amélioration. En associant ces deux termes, le déterminisme technologique devient un courant de pensée qui exhorte au changement.

Le déterminisme technologique tourne autour de deux axes. L’axe marxien défend «l’idée que l’évolution technique est un facteur primordial de l’évolution des sociétés». On fait du changement technique un moteur du progrès social. Le second axe provient de l’incontournable Marshall McLuhan. La société n’influence en rien la technique qui, elle au contraire, évolue d’elle-même. On s’oppose à l’idée que la société interfère, conjointement avec la politique, la religion et la culture, sur la technologie de manière suffisamment importante qu’elle la modifie et la fait évoluer. Au contraire, « l’évolution [technologique] constitue le facteur explicatif principal, déterminant, de l’histoire humaine, que McLuhan divise en trois grandes périodes selon le média qui y domine : la civilisation de l’oralité, la civilisation de l’imprimerie et la civilisation de l’électricité. [...] Dans son œuvre, la société et l’individu sont modelés par les médias. Les facteurs sociaux, économiques, culturels ou politiques, lorsqu’ils sont évoqués, n’ont jamais qu’une importance secondaire face à la surdétermination technique. » (Tremblay, 2008)

C’est en observant l’univers média qu’on peut constater l’effet du déterminisme technologique. Le transport des messages, de l’argile à Internet, en passant par l’imprimerie, fut l’objet d’une constante évolution des moyens et des supports utilisés pour communiquer. Les médias de masse et d’information que l’on retrouve aujourd’hui s’activent continuellement à influencer le changement et notre manière de penser afin de modifier la société contemporaine qui nous entoure. Les changement
s sociaux qui sont nés, qui ont grandi et qui se sont cristallisés furent la réponse ou plutôt le résultat des progrès technologiques qui ont eu cours dans l’histoire humaine et qui font de notre culture ce qu’elle est. Pour ces technologistes, «la technologie contribue à modifier la structure des incitations à partir de laquelle les individus font leurs choix.» (C.H., 2009) C'est une façon de mettre en éprouvette tous les éléments nécessaires, d'en modifier la structure et d'arriver au résultat souhaité en espérant qu'il ne comporte que ce qui était déterminable.

Ce concept comporte, malgré tout, ses détracteurs qui croient en l'inexistence d'un déterminisme technologique. Ces adeptes croient en une évolution séparée des sphères technologiques et institutionnelles. L'invention d'Internet, par exemple, n'a pas à elle seule modelé l'image de la société du XXIe siècle. La technologie se porte clairement en contribution, comme complément à la culture et à la politique institutionnelle, mais n'est pas à elle seule l'élément motorisé de cette réussite. On note encore aujourd'hui une forte résistance face aux progrès technologiques, «comme en atteste par exemple la difficile évolution du droit d'auteur et de la propriété intellectuelle face au développement d'Internet.» (C.H., 2009) À l'ère du web, l'individu et la société pourraient perdre son identité.
Il ne suffirait que, dans une même pièce, l'humain prenne place, avec d'autres, devant un écran d'ordinateur, pour y surfer, y apprendre, y évoluer et même y vivre. Comme le mentionne Danièle Linhart, «il ne faut jamais perdre de vue qu'il y a des choix, des orientations stratégiques qui font que l'on va chercher plutôt du côté de tel type d'outil technologique qu'un autre.» (2009) À cet effet, les avancées technologiques demeurent un choix de recherche, d'approfondissement et de construction sociale, le tout dans un contexte particulier.

Afin de conclure le propos, il suffit d'ajouter que lorsqu'une technologie nouvelle fait son entrée dans une culture donnée, ladite technologie ne cessera de se développer avec ce que la culture qui l'entoure a à lui apporter. Ce qui crée et forme la société donnera un supplément à la technologie afin qu'elle puisse se renforcer et inversement, la technologie viendra compléter et parfois même modifier la donne culturelle d'une société en émergence, forte ou distincte.

En cette fragilité économique actuelle, les incitatifs gouvernementaux et économiques sont à l'effet de découvrir et d'élargir nos ressources afin de faire face à l'évolution et également à une possible rupture avec le passé. C'est pourquoi, certaines nations donneront dans le développement de ses richesses naturelles. Le Québec prêche par l'exemple, avec son Plan Nord ou encore l'achat d'Energie Nouveau-Brunswick afin d'exploiter au maximum l'or bleu québécois. Ces choix sont le fruit de plusieurs facteurs économiques, culturels, politiques et technologiques. Ils deviendront la cause d'une innovation technologique supplémentaire afin d'aider la population à vivre mieux, de l'orienter vers de meilleures conditions de vie et de lui permettre un essor économique.

La technologie est-elle «responsable de nos malheurs [et de nos réussites]?» (Quentin, 1982) Répond-elle ou affecte-t-elle les besoins de la société? La nouveauté technologique se trouve-t-elle continuellement acceptée? Est-elle sujet à modification et à adaptation aux besoins humains? Il est clair que la technologie tout comme la société s'adaptent à l'autre. «Sinon, comment expliquer qu'à niveau technologique équivalent, certains pays puissent par exemple s'engager dans de vastes programmes électronucléaires et d'autres pas? [...] l'état de la technologie conditionne l'état de la société, mais il est également conditionné par ce dernier [...].» (Quentin, 1982)


C.H., La Miss des Villes, Isaac. 2009. «Déterminisme technologique et institutions». In Rationalité Limitée. 13 juillet 2009. En ligne. URL: http://rationalitelimitee.wordpress.com/2009/07/13/determinisme-technologique-et-institutions/. Consulté le 26 janvier 2010.

Danièle Linhart. 2009. «Le déterminisme technologique n'existe pas!» tiré du thème 11: Internet et les nouvelles technologies. In Cité-sciences. En ligne. URL: http://www.cite-sciences.fr/francais/web_cite/informer/tec_met/travail/texte-sep/010510j.htm. Consulté le 26 janvier 2010.

Jean-Pierre Quentin. 1982. «Chocs technologiques». In Mutation 2000, le tournant de la civilisation. Le Hameau. Paris. En ligne. URL: http://pagesperso-orange.fr/algoric/eu/m/2k/synth.htm. Consulté le 26 janvier 2010.

Gaëtan Tremblay. 2008. «De Marshall McLuhan à Harold Innis ou du village global à l’empire mondial ». In Revue tic&société. 27 mai 2008. En ligne. URL: http://ticetsociete.revues.org/222. Consulté le 26 janvier 2010.

Wikipedia. 2009. « Technological determinism ». In Site de Wikipedia. The free encyclopedia. En ligne. URL : http://en.wikipedia.org/wiki/Technological_determinism. Consulté le 26 janvier 2010.

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